
Par Derick Ngaira
La première conférence sur les Preuves pour le développement (Evi4Dev), qui s’est tenue du 6 au 8 mai 2025 à Nairobi, au Kenya, a réuni plus de 400 délégués de 30 pays, dont des décideurs politiques, des chercheurs, de jeunes innovateurs et des partenaires du développement.
Sous le thème « Optimiser le rôle des données, des données probantes et des innovations dans les efforts de l’Afrique pour créer de la richesse, autonomiser les citoyens et favoriser une gouvernance réactive », la conférence a offert une plateforme pour aligner la science, la technologie, l’innovation (STI) et l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes (EIP) avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les Objectifs de développement durable (ODD). Elle était co-organisée par l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD), l’Institut africain pour les politiques de développement (AFIDEP) et la Fondation Science pour l’Afrique (Fondation SFA), avec le soutien de divers partenaires.
Cette série d'articles de blog présente les principaux enseignements de la conférence, répartis sur sept axes thématiques. Cette première partie explore comment l'Afrique peut exploiter les données, les données probantes et l'innovation pour accélérer le développement inclusif.
Partie 1: Prioriser les données, les données probantes et l'innovation pour stimuler la croissance en Afrique
L'Afrique se trouve à un tournant de son développement. Si le continent continue de progresser dans des domaines tels que l'éducation, la santé et les infrastructures, le rythme et la qualité des progrès restent inégaux. L'une des principales raisons est que la prise de décision ne repose souvent pas sur des données actualisées, précises et pertinentes. Lors de la conférence Evi4Dev, les experts ont souligné que pour que l'Afrique réalise ses ambitions de développement, elle doit prioriser les données, les données probantes et l'innovation, non pas comme des mots à la mode, mais comme des piliers centraux de ses politiques et de ses actions.
La qualité des décisions prises par les gouvernements, les partenaires de développement et les acteurs du secteur privé dépend des informations qui les éclairent. Pourtant, sur tout le continent, des lacunes subsistent en matière de planification fondée sur des données probantes. Trop souvent, les décisions sont prises sur la base d'hypothèses, de données obsolètes ou de considérations politiques. Pour aller de l'avant, l'Afrique doit accroître ses investissements dans la recherche et les innovations de haute qualité, non seulement solides, mais également alignées sur les priorités locales.
Les chercheurs et les organisations de la société civile ont un rôle essentiel à jouer pour amplifier la valeur des données probantes dans le discours public. Leurs travaux doivent dépasser les cercles universitaires et atteindre les communautés, les dirigeants et les institutions qui influencent les résultats du développement. Il est important de noter que la collaboration est essentielle. Les partenariats entre chercheurs, décideurs politiques, acteurs du secteur privé et groupes communautaires peuvent garantir que les données probantes reflètent les besoins du monde réel et sont plus susceptibles d'être adoptées dans la pratique.
Mais la production de données probantes a un coût. Pour que l'Afrique soit un leader en matière d'innovation et de production de connaissances, les gouvernements et les partenaires de développement doivent investir davantage de ressources. Cela implique d'investir non seulement dans les institutions de recherche, mais aussi dans les systèmes qui soutiennent l'innovation, de la protection de la propriété intellectuelle aux filières de commercialisation. Les innovations locales, une fois développées, doivent être protégées et déployées à l'échelle internationale. Cela nécessite plus que du financement; cela exige des politiques intelligentes qui encouragent l'échange de connaissances et soutiennent un écosystème où les solutions africaines peuvent prospérer.
Il est tout aussi important de changer les mentalités quant à l'utilisation des données probantes. Les données ne doivent pas rester dans des rapports ou des tableaux de bord; elles doivent éclairer la planification, la budgétisation et la mise en œuvre à tous les niveaux. Cela exige un changement de culture au sein des institutions. Les dirigeants doivent modéliser et récompenser l'utilisation des données probantes. Les chercheurs doivent apprendre à communiquer leurs résultats de manière à trouver un écho auprès des décideurs politiques et des citoyens. Et les communautés doivent être habilitées à demander et à attendre des interventions fondées sur des données probantes.
Une approche prometteuse consiste à intégrer le contexte communautaire dans les efforts de recherche et d'innovation. Lorsque les communautés voient leurs besoins reflétés dans les données probantes, elles sont plus susceptibles de soutenir et de pérenniser les interventions. De même, impliquer les décideurs politiques dès le départ peut améliorer l'adoption des connaissances et réduire l'écart entre la recherche et l'action.
L'Afrique possède le talent, la créativité et la volonté nécessaires pour piloter son propre développement. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas. Sans données de meilleure qualité, preuves plus solides et une focalisation délibérée sur l'innovation, les progrès resteront hors de portée. Il est temps d'agir, de manière décisive et collaborative, pour faire des données probantes le moteur de la transformation de l'Afrique.
La deuxième partie de cette série de blogs se concentrera sur la manière dont les STI devraient alimenter la vision du développement de l'Afrique